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Keshinee: Le 15/10/2025 à 14:10 | MAJ à 15/10/2025 à 14:19
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SUPREME COURT
Publié : Le 15/10/2025 à 14:10 | MAJ à 15/10/2025 à 14:19
Par : Dooshina Appigadu

La Cour suprême de Maurice, siégeant devant la Division criminelle, a condamné ce mercredi 15 octobre 2025 deux ressortissants sud-africains, Siyabonga Joel Methula et Nompumelelo Lorrantia Ncwane, à 30 ans de servitude pénale chacun pour importation d’héroïne avec intention de trafic. Le jugement, rendu par le juge M.S. Manrakhan, met en lumière un réseau organisé depuis Johannesburg et la gravité persistante du fléau de la drogue à Maurice.

Les faits remontent au 21 avril 2018, lorsque les deux accusés ont débarqué à l’aéroport international Sir Seewoosagur Ramgoolam (SSR) à bord du vol MK 852 en provenance de Johannesburg. Les agents des douanes, alertés par le profil des voyageurs, ont intercepté le couple présumé.

Lors de la fouille, la valise de Siyabonga Joel Methula s’est révélée anormalement lourde. Une fois le double fond découpé, les officiers ont découvert 1 523,7 grammes d’héroïne, d’un taux de pureté de 64 %, estimée à environ Rs 22,9 millions sur le marché local.

Les deux accusés, âgés de 32 et 28 ans au moment des faits, ont d’abord fourni une version mensongère sur leur présence à Maurice, avant d’admettre avoir été recrutés par un certain “Lucky” à Johannesburg.

Ce dernier aurait financé tout le voyage, en promettant à Siyabonga Joel Methula une rémunération de 1 000 dollars américains.

Initialement, il devait être accompagné de sa petite amie, Sanele, mais celle-ci ayant été arrêtée pour vol à l’étalage la veille du départ, Mme Ncwane a accepté de la remplacer afin de faire croire à un couple en vacances.

Me Ramdinde la poursuite, a souligné la gravité de l’infraction, le haut degré de pureté de la drogue et la menace constante que représente le trafic de stupéfiants pour la société mauricienne.

Du côté de la défense, Me Moloye et Me Hussenbocus ont plaidé la vulnérabilité économique de leurs clients, qualifiés de simples “mules”, tout en invoquant des études internationales appelant à plus de proportionnalité dans les peines infligées aux passeurs.

Mais la Cour a rejeté toute tentative d’importer des lignes directrices étrangères, notamment celles du Royaume-Uni, rappelant qu’elles résultent de politiques propres à chaque juridiction.

Siyabonga Joel Methula, aujourd’hui âgé de 40 ans, est un électricien originaire de Newcastle, Kwazulu-Natal, père de deux enfants et seul soutien de sa famille.

Mme Ncwane, 36 ans, également de Newcastle, est étudiante en ingénierie électrique et mère de deux enfants.

Tous deux affirment avoir cédé à la tentation financière sous la pression de leurs conditions de vie précaires.

Dans son jugement, le juge Manrakhan a insisté sur la nécessité d’envoyer “un message fort à ceux qui seraient tentés de devenir des courriers de la drogue”, rappelant que le commerce illicite ne peut exister sans eux.

Il a relevé que si les accusés ne sont pas les organisateurs du réseau, leur participation volontaire et consciente demeure un acte grave, compromettant la sécurité nationale et l’ordre public.

La Cour a fixé un point de départ de 43 ans de servitude pénale, relevé à 45 ans compte tenu des éléments aggravants, avant d’appliquer une réduction d’un tiers pour le plaidoyer de culpabilité précoce.

La peine finale s’établit donc à 30 ans de servitude pénale pour chacun des accusés. Le temps passé en détention préventive sera déduit.

Les pièces à conviction seront confisquées et détruites, et chaque accusé devra s’acquitter de Rs 2 000 de frais de justice.