La Fondation Mo Ibrahim a dévoilé hier l'édition 2024 de son indice sur la gouvernance en Afrique (IIAG). Le fait marquant est que pour la première fois, les Seychelles devancent Maurice. Notre pays prend la deuxième place sur le classement qui concerne 54 pays du continent.
Ce rapport qui évalue la gouvernance sur une décennie, de 2014 à 2023, met en lumière une situation préoccupante pour Maurice, autrefois modèle de bonne gouvernance en Afrique.
L’Indice Mo Ibrahim de la Gouvernance en Afrique s’appuie sur 322 variables provenant de 49 sources indépendantes, réparties en quatre catégories clés : Sécurité et État de Droit, Participation, Droits et Inclusion, Fondement des Opportunités Économiques et Développement Humain.
Malgré des progrès globaux limités en matière de développement humain et économique, l’indice révèle un ralentissement alarmant depuis 2022, attribué à la montée des conflits et au rétrécissement de l’espace démocratique sur le continent.
Si Maurice reste dans le top 10, sa position déclinante illustre une tendance inquiétante. En plus des Seychelles, des pays comme la Gambie, la Côte d'Ivoire et la Sierra Leone ont enregistré des progrès constants, tandis que Maurice, le Botswana et la Tunisie voient leur performance se détériorer au niveau de la gouvernance. Une évolution qui contraste fortement avec les efforts continus des Seychelles, dont la gouvernance a progressé de 10 points sur la période.
La dégradation de la gouvernance en Afrique s'accélère dans de nombreux pays, avec des sous-catégories comme la sécurité et la participation démocratique en net recul. Mo Ibrahim, fondateur de la fondation, a exprimé ses inquiétudes face à cette situation, soulignant que l'Afrique, bien qu'impactée par une crise mondiale, voit ses avancées en matière de développement humain et économique sérieusement menacées.
Maurice, autrefois leader incontesté de la région, devra désormais repenser sa stratégie de gouvernance pour espérer reconquérir sa position de premier plan.
Commentant les résultats, Mo Ibrahim a déclaré : « L’Indice Ibrahim de la Gouvernance 2024 nous rappelle froidement la menace que l’aggravation de la crise sécuritaire et le rétrécissement de l’environnement participatif font peser sur les progrès du continent. Certes, cette situation reflète aussi la crise mondiale. L’escalade des conflits et la méfiance croissante à l’égard des institutions et des valeurs démocratiques ne sont pas le seul apanage de l’Afrique. Ils s’observent partout dans le monde. Mais cette situation est particulièrement préoccupante en Afrique, car elle remet en jeu les progrès accomplis en matière de développement économique et social et ceux qui restent à réaliser ».