Une nouvelle faille s’est créée. Hier, lundi 6 avril, l’éruption du volcan Fagradalsfjall, en cours depuis plus de deux semaines, et à une quarantaine de kilomètres de Reykjavik en Islande, s’est étendue avec une nouvelle fissure crachant un étroit ruisseau de lave de plusieurs centaines de mètres, dévalant vers une vallée voisine. La nouvelle fissure, longue d’environ 150 à 200 mètres, se trouve à environ 700 mètres au nord-est du premier foyer de l’éruption situé lui dans la vallée de Geldingadalir, aux abords du mont Fagradalsfjall, selon le dernier point de l’office météorologique d’Islande (IMO).
Cette nouvelle faille s’est ouverte vers midi (heure locale et GMT), ainsi qu’une autre fissure beaucoup plus petite, et la lave en fusion s’écoule cette fois vers une autre petite vallée voisine nommée Merardalir, a indiqué l’organisme dans un communiqué.
L’accès au site désormais fermé au public
De nouvelles images de la protection civile islandaise montraient un long et étroit ruisseau orange de magma dévaler à travers les collines depuis la nouvelle faille éruptive, sur déjà plusieurs centaines de mètres. « Au départ (la lave) a filé à près de 10 mètres par seconde », du fait notamment de la forte pente, « mais elle s’est considérablement ralentie désormais », a expliqué à l’Agence France-Presse le vulcanologue Thorvaldur Thórdarson.
Cette nouvelle phase de l’éruption prouve que le magma souterrain « était en surpression car il a eu la capacité d’ouvrir de nouvelles fissures », a-t-il souligné. « Ce n’est pas une surprise mais c’est un développement intéressant », selon l’expert.
L’accès au site, où de nombreux visiteurs se pressent depuis le début de l’éruption le 19 mars, a été fermé et évacué, selon les autorités. Voilà près de 800 ans que la lave n’avait pas coulé dans la région de la péninsule de Reykjanes, au sud-ouest de la capitale.
Les vulcanologues islandais, qui initialement prévoyaient une éruption de courte durée, tablent maintenant sur plusieurs semaines voire beaucoup plus. « Mon sentiment c’est que je ne vois pas de signe que ça s’arrête », a commenté Thorvaldur Thórdarson. « On va voir ça pendant un certain temps », a dit le vulcanologue, sans se risquer à donner une durée plus précise. La dernière éruption dans la péninsule de Reykjanes, cette région du sud-ouest de l’Islande où se produit l’éruption, remonte à près de huit cents ans et s’était étendue sur trois décennies avec plusieurs épisodes éruptifs de 1210 à 1240.
Les vidéos de l’éruption virales sur les réseaux sociaux
Le site est devenu l’attraction du moment en Islande : au dernier pointage dimanche, 36 293 personnes s’étaient rendues au pied des deux petits cratères déversant calmement de la lave – qui recouvre désormais 30 hectares – depuis l’installation d’un compteur par l’Office du tourisme islandais le 24 mars. Les vidéos virales de l’éruption font le tour du monde ces dernières semaines, notamment une montrant une poignée d’Islandais jouant au volley devant le volcan comme si de rien n’était.
Le site de l’éruption n’est qu’à quelques kilomètres du site touristique des eaux chaudes et turquoises du Blue Lagoon, et à une dizaine de kilomètres de la ville la plus proche, le petit port de pêche de Grindavik – mais sans susciter de crainte de dommages. L’éruption de lave est beaucoup plus bucolique que celle, dite « explosive », de l’Eyjafjallajökull en 2010, qui avait paralysé pendant des semaines le trafic aérien en Europe.
En Islande, zone volcanique européenne la plus active, une éruption volcanique a lieu en moyenne tous les quatre à cinq ans. La dernière remontait à 2014-2015 dans une zone inhabitée du centre de l’île nord-atlantique.