Le 8 mars, Journée internationale des droits des femmes, Libération a publié la lettre d’un violeur et l’a mise en Une. Face à la colère des internautes critiquant un tel choix, le quotidien a dû fournir des explications.
Alma Ménager a été violée par son petit ami un soir d’avril 2019. Elle avait 18 ans. Hospitalisée actuellement pour dépression, elle a reçu il y a peu une lettre de son ancien compagnon dans laquelle il reconnaît sa culpabilité. Libération l’a publiée le 8 mars et s’est retrouvé sous le feu des critiques.
«J’ai violé»
Dans cette lettre, le jeune homme parle pour la première fois de ce qui s’est passé ce soir-là. Assurant être «calme de nature», il avoue avoir «perdu le contrôle» et «senti une cascade de rage se déverser en moi».
«De plus en plus de violence. De plus en plus d’intensité. De moins en moins de considération de l’autre. Je n’ai rapidement plus existé que par les émotions extrêmes et rares que j’éprouvais. Elle, comme morte, s’effaçait lentement dans mon regard devenu primal et animal. J’ai violé.»
S’il reconnaît ce qu’il a fait aujourd’hui, «ce n’est certainement pas» grâce à lui. «Seule la victime a pu m’ouvrir les yeux. Mon vécu, mes connaissances, n’ont pas suffi à me remettre réellement en question, puisque le violeur, c’est l’autre. C’est au mieux ce réalisateur qu’on admirait, le prof de sport de notre frère, ce cousin éloigné, mais jamais soi. Jamais. En l’occurrence, c’est moi.»
D’après Alma, «contre toute attente», elle s’est sentie «apaisée» pour la première fois depuis son agression après avoir lu ces mots.
«C’est difficile à décrire, mais en lisant les premières lignes, une vague de soulagement m’a envahie. Le mot “viol” était écrit noir sur blanc. Mon violeur reconnaissait ce qu’il m’avait fait. Samuel reconnaissait m’avoir détruite.»
La Toile indignée
La publication de cette lettre le 8 mars, Journée internationale des droits des femmes, a toutefois provoqué une vague d’indignations des internautes.