Après plusieurs mois de tensions et d’allégations croisées entre la famille Sithanen et les dirigeants de Menlo Park Limited, l’enquête franchit un nouveau cap. Tevin Sithanen, fils de l’ancien gouverneur de la Banque de Maurice, Rama Sithanen, a été convoqué le vendredi 28 novembre par l’Anti-Money Laundering Unit (AMLU) du Central CID dans le cadre des investigations portant sur des menaces présumées proférées via WhatsApp à l’encontre d’Aditi Boolell, Company Secretary de Menlo Park Limited.
À l’issue d’un interrogatoire de plusieurs heures, Tevin Sithanen a été informé qu’il était en état d’arrestation. Présenté devant le tribunal de Curepipe, il a été provisoirement inculpé pour “Breach of ICTA”.
La police n’ayant pas objecté à sa remise en liberté sous caution, Tevin Sithanen a recouvré la liberté conditionnelle contre une caution de Rs 20 000 et une reconnaissance de dette de Rs 80 000. Sa prochaine comparution est prévue pour le 17 décembre. Il était assisté par le Senior Counsel Me Imtihaz Mamoojee.
Pendant ce temps, un nouvel enregistrement audio circule depuis hier après-midi sur les réseaux sociaux. Il s’agit de la troisième partie d’un échange entre Stéphane Adam, co-directeur de Menlo Park Limited, et un officier de l’AML Unit.
La première partie, publiée en début de semaine, avait déjà suscité de vives réactions. La deuxième, relayée hier matin, faisait quant à elle référence à une “deadline” controversée que Tevin Sithanen aurait imposée à un ASP pour procéder à l’arrestation des frères Adam.
Le troisième fichier audio, intitulé “Ki raison pou donne Rama”, apporte de nouvelles allégations. On y entend l’officier expliquer à Stéphane Adam que l’arrestation de “Pada” – qui désigne l’ancien ministre des Finances Renganaden Padayachy – aurait été effectuée alors qu’il n’y avait aucune preuve concrète contre lui. L’officier affirme que “Rama”, soit Rama Sithanen, aurait exigé des explications : « Ki faire to pane aret li ? Ki raison ? Ki pou ale repone ? To conner nou ena ene fami derrière. »
Selon l’audio, des menaces de transferts punitifs, notamment à Agaléga ou dans le Nord de l’île, auraient également été évoquées si les instructions n’étaient pas respectées. « To la vie vinn l’enfer, banla manz to la vie ar disel, pima », conclut l’officier.
Face à ces développements, Tevin Sithanen nie en bloc les allégations formulées contre lui. Pour appuyer sa défense, il a remis aux enquêteurs un rapport de Quintel Intelligence, une firme basée au Royaume-Uni, censé démontrer qu’il n’a eu aucune communication avec Aditi Boolell ni avec les autres protagonistes cités dans l’affaire.