Le constat est clair. “La situation dans laquelle nous nous trouvons aujourd’hui aurait pu être évitée”, affirment des experts indépendants mandatés par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) à propos de la pandémie de Covid-19. Ils parlent d’ une “combinaison de mauvais choix stratégiques, et des retards et hésitations de l’OMS”.
“Il n’y a pas un seul individu ou nation responsable, a par ailleurs insisté l’une des coprésidentes de ce panel, Ellen Johnson Sirleaf, ancienne présidente du Liberia. Cette situation est due à une myriade d’échecs, de lacunes et de retards dans la préparation et la réponse à la pandémie.” Dans un rapport publié mercredi 12 mai, les experts évoquent une “combinaison de mauvais choix stratégiques, d’un manque de volonté de s’attaquer aux inégalités et d’un système manquant de coordination”.
Le panel indépendant, constitué de 13 personnalités et experts, a passé les huit derniers mois à étudier la riposte internationale à la pandémie. “Nous pouvons dire qu’il y a eu clairement des retards en Chine mais il y a eu des retards partout”, a commenté l’ancienne Première ministre de la Nouvelle-Zélande Helen Clark. “Alors que les informations commençaient à arriver à l’OMS, l’organisation n’était manifestement pas suffisamment habilitée à enquêter, puis à confirmer rapidement qu’une épidémie dangereuse était en train de se produire”, a-t-elle ajouté.
Des pistes de réformes
En définitive, en raison de “laborieux échanges de courriels officiels”, “trop de temps s’est écoulé” entre la notification des premiers cas en décembre 2019 et la déclaration, le 30 janvier par l’OMS, d’une urgence de santé publique de portée internationale, selon les experts. Février 2020 a ensuite été un “mois perdu” durant lequel bon nombre de pays auraient dû agir. “Retards, hésitations et dénis” ont permis à l’épidémie, puis à la pandémie, d’éclore, conclut le rapport.
Le groupe d’experts recommande aux gouvernements et à la communauté internationale d’adopter sans délai un ensemble de réformes visant à transformer le système mondial de préparation, d’alerte et de réponse aux pandémies. Le rapport propose plusieurs pistes, dont la création d’un conseil mondial de lutte contre les menaces sanitaires, ainsi que la mise en place d’un nouveau système mondial de surveillance fondé sur une “transparence totale”. Ce système donnerait à l’OMS le pouvoir de publier immédiatement des informations sur les épidémies susceptibles de donner lieu à une pandémie sans demander l’approbation des pays.
Source RFI