Les gouvernements indien et chinois s’intéressent aux Maldives, et de très près, car une lutte d’influence se joue dans l’océan Indien entre Pékin et New Delhi.
Depuis des décennies maintenant, les deux géants cherchent à se faire une place pour obtenir les faveurs des différents gouvernements du petit archipel. Car Malé, la capitale des Maldives, se trouve à un carrefour hautement stratégique… au milieu des principales voies maritimes reliant l’Asie de l’Est et l’Asie de l’Ouest, c’est-à-dire le Moyen-Orient et la Turquie.
Pour Pékin, c’est un carrefour essentiel sur son parcours des « nouvelles routes de la soie », ce projet gigantesque pour lequel elle est devenue – en investissant des milliards – le premier bailleur de fonds du développement mondial au cours des dernières décennies.
Militairement, son emplacement est important également. C’est un carrefour considéré comme essentiel à la stratégie de Washington visant à rester dominant dans la région Indo-Pacifique. Pour le moment, l’Inde, qui se rapproche de plus en plus des États-Unis, est la première puissance militaire de l’océan Indien.
Et étant donné que les liens entre les États-Unis et l’archipel sont encore limités (une ambassade n’a été ouverte à Malé que cette année), Washington s’appuiera probablement sur l’Inde pour veiller à ce que la Chine ne prenne pas pied militairement aux Maldives.
Malgré des liens civilisationnels, politiques et économiques de longue date – et des actes de bonne volonté, tels que l’aide indienne aux Maldives lors d’une crise de l’eau en 2014 et l’assistance après le tsunami meurtrier de décembre 2004 –, l’Inde a eu du mal à contrer durablement la présence croissante de la Chine dans la région.
L’Inde tente donc d’aller sur plusieurs fronts à la fois en maintenant des liens étroits avec les pays limitrophes, à l’exception du Pakistan, et en proposant ses propres accords d’accès et de développement afin de réduire l’influence chinoise.
La victoire de Mohamed Muizzu risque de faire de l’ombre aux ambitions indiennes, même si le nouveau dirigeant a rejeté les accusations d’être pro-chinois et de laisser Pékin prendre purement et simplement la place de New Delhi.
Le président va chercher à multiplier les investissements étrangers, car la dette publique du pays s’élevait à 7 milliards de dollars, soit 113,5% du PIB à la fin de l’an dernier. M. Muizzu veut développer les ports et les services portuaires afin d’augmenter les recettes du pays, mais il recherche du financement sans dette pour ses ambitieux plans d’expansion économique.
Il faut aussi beaucoup d’argent pour empêcher que les Maldives ne se retrouvent totalement sous l’eau à la fin du siècle. Cinq cents millions de dollars de financement international sont nécessaires pour protéger les plages et les coraux.
Environ 80% de l’archipel se trouve à moins d’un mètre au-dessus du niveau de la mer, ce qui en fait l’un des pays les plus menacés par la montée des eaux en raison du changement climatique.