La journée mondiale du chien, qui se tient chaque 26 août, insiste surtout sur le lien qui unît depuis des millénaires les hommes et les chiens partout dans le monde. L’histoire de Hachiko en est un parfait exemple. Elle a donné lieu à un film, avec Richard Gere, et à une statue, certainement l’une des plus connues de Tokyo, dans le quartier animé et touristique de Shibuya.
En 1924, le professeur d’université Hidesaburō Ueno adopte un jeune chiot mâle. Il est de la race des Akita Inu, chien primitif japonais de grande taille. Il le nomme Hachiko – car il était le huitième chiot de la portée (“Hachi” signifiant “Huit” en langue japonaise et le suffixe “Ko” est affectif).
Le professeur et le chien adoptent très vite une routine. Le matin, Hidesaburō Ueno part pour l’université de Tokyo où il enseigne et Hachiko l’accompagne jusqu’à la gare de Shibuya. Le soir, l’homme rentre toujours à la même heure, par le même train : son chien rejoint la gare seul et l’attend chaque jour.
Cependant, le 21 mai 1925, Hidesaburō Ueno, alors âgé de 53 ans, décède d’une hémorragie intra-cérébrale alors qu’il se trouve à l’université, pendant l’une de ses conférences.
Ce jour-là, Hachiko vient chercher son maître à la gare mais celui-ci ne revient pas.
Il revient le lendemain, puis les jours suivants. La famille du professeur a tenté de s’occuper de Hachiko en le plaçant dans une autre famille, mais le chien s’est toujours enfui. Il est toujours retourné à l’ancien domicile de son maître – dans les environs du siège social de la compagnie Tokyu Department Store Co., Ltd. – et surtout, toujours retourné à la gare de Shibuya, à l’heure habituelle du retour de celui-ci.
Pendant plus de dix ans, jusqu’à sa mort en 1935, il a fait et refait le trajet et a attendu Hidesaburō à l’entrée de la gare. Il était nourri par les passants et les voisins, touchés par sa présence et son histoire. Il est finalement décédé à l’âge de 12 ans, aux environs du pont Inari de la rivière de Shibuya des suites d’une filariose ou d’un cancer des poumons et du cœur.
Une partie de ses restes (sa peau) est empaillée et conservée au Musée national de la nature et des sciences de Tokyo. Le reste de sa dépouille est enterré au cimetière d’Aoyama, à côté de la tombe de son maître.
Hachiko : Postérité
La fidélité de Hachiko a été reconnue de son vivant, grâce à un article intitulé L’histoire émouvante d’un vieux chien : sept ans qu’il attend son maître décédé, écrit par l’un des anciens des étudiants du professeur Hidesaburō Ueno et paru le 4 octobre 1932 dans le Asahi Shinbun (l’un des plus grands quotidiens du Japon). Mais l’aura de ce chien fidèle a continué bien après.
La statue de Hachiko à Shibuya
Ainsi, la statue de Hachiko a été érigée en 1934 au pied de la gare de Shibuya, face au fameux Shibuya Crossing (ce lieu où les passages piétons se croisent). C’est là que Hachiko attendait son maître.
Elle a depuis changé plusieurs fois de place : fondue pendant la deuxième guerre mondiale, remise en 1948, puis déplacée lors des travaux d’agrandissement de la gare en 1989.
Se retrouver “Sous la statue de Hachiko” est un point de rendez-vous connu de tous les Tokyoïtes.
Hachiko dans la culture populaire
Plusieurs livres, films et mangas mentionnent l’incroyable histoire de Hachiko. En France, le film le plus connu est Hatchi, paru en 2008, avec Richard Gere dans le rôle du maître de Hachiko.
Le chien qui sauva la race des Akita Inu ?
Il faut savoir que la race des Akita Inu, dont est issu Hachiko, a failli s’éteindre. Originaire d’Odate, dans la province de Akita, comme Hachiko, le Akita Inu était déjà menacé à l’époque de Hachiko.
Pendant la deuxième guerre mondiale, qui pousse les Japonais à utiliser la peau des chiens Akita Inu pour créer leurs vêtements, le chien est encore plus menacé. Les seuls chiens épargnés alors sont les bergers allemands qui sont réservés aux tâches militaires.
Les propriétaires de Akita croisent leurs chiens avec des Bergers Allemands, leur permettant de survivre. Des Américains ramenèrent ensuite ces Akita-Bergers Allemands avec eux, créant le Akita Américain.
Hachiko, en amenant la lumière sur sa race, a contribué après la Seconde Guerre Mondiale à raviver l’intérêt pour cette race.