Au terme d’une rencontre insoutenable, conclue par la séance des tirs aux buts, l’Italie a dominé l’Angleterre pour la seconde fois de son histoire (1-1, 3-2 t.a.b.). Un sacre qui marque la renaissance de la Nazionale.
Pour ce goût de renaissance, pour l’opposition de styles et pour tout ce que ces deux pays de football représentent, la finale de l’Euro 2020 entre l’Angleterre et l’Italie avait de l’allure. C’est une affiche inédite, surprenante, loin des prédictions des bookmakers en début de compétition. Ces deux-là partagent les blessures d’un passé plus ou moins récent. Le cheminement de leur tournoi, en revanche, les distinguait radicalement. Là où la Nazionale s’est imposée dès le lever de rideau comme une coqueluche de l’Euro grâce à son jeu léché et haletant, les Three Lions, ont franchi les obstacles avec un style beaucoup plus minimaliste. Tout juste se rejoignaient-ils sur le confort d’évoluer à domicile dans des proportions plus ou moins notables.
L’Angleterre frappe fort d’entrée de jeu
En ce sens, c’est bien sur l’Angleterre que la pression était la plus forte, dans l’antre de Wembley, devant toute la crème du Royaume. Cela faisait 55 ans que la nation britannique attendait un titre – une anomalie pour une écurie rangée dans la caste des vainqueurs de Coupe du Monde. On attendait de la crispation et un long round d’observation dès les premières minutes. Il n’en a rien été. Au contraire, l’Angleterre a surpris son monde en imposant une très forte pression d’entrée de jeu, avec une bonne utilisation de la largeur et une intensité énorme dans les duels. Wembley a alors exulté au bout de quelques secondes lorsque le piston droit, Trippier, a distillé un centre parfait au second poteau pour son pendant côté gauche, Shaw, dont la reprise soudaine a fait mouche (1-0, 2e).
Un vent d’électricité a alors parcouru les travées de l’enceinte londonienne. Et un autre match a commencé. Pour l’Italie, comme pour l’Angleterre. Harry Kane et sa bande ont reculé d’un cran pour fermer les espaces et retrouver leur mode opératoire habituel. Les lignes se sont resserrées et une partie d’échecs s’est installée. Plutôt performante dans son travail de préparation, l’équipe de Roberto Mancini, emmenée par un Marco Verratti précieux dans l’orientation du jeu, a longtemps peiné à trouver des décalages. Insigne bien marqué, Immobile trop esseulé, la solution pouvait venir du remuant Chiesa. Sur une frappe lointaine après une percussion côté droit (35e). La seule miette à se mettre sous la dent en première période pour l’Italie.
L’Italie s’est révoltée
Il a fallu attendre le retour des vestiaires pour voir les débats s’embraser. Les situations se sont multipliées d’un bout à l’autre du pré, donnant une dimension de combat de boxe à ce match jusqu’alors verrouillée. Sterling (47e) puis Maguire (56e) ont fait parcourir des frissons dans la surface italienne, Insigne (57e) et Chiesa (62e) leur ont répondu. Mais c’est à l’heure de jeu qu’un premier tournant est intervenu, lorsque Donnarumma a sauvé les siens sur un coup de casque à bout portant de Stones (64e). Trois petites minutes plus tard, Chiellini profitait d’un cafouillage pour remettre les deux équipes à égalité (1-1, 67e).
L’Italie a alors pris l’ascendant à tous les niveaux : technique, tactique et surtout psychologique. Survoltés, les hommes de Roberto Mancini ont accentué leur pression pour trouver la faille face à une formation anglaise réduite à contrer depuis son propre camp. Pas suffisant pour faire basculer la rencontre avant la fin du temps règlementaire, d’autant que l’héroïque Chiesa a cédé sa place sur blessure.
La situation ne s’est pas décantée en prolongations, malgré quelques opportunités franches de chaque côté. Au petit jeu des tirs aux buts, ce sont bien les Italiens qui ont le dernier mot. L’Italie grimpe sur le sommet de l’Europe trois ans après une chute terrible. Un sacre pour l’éternité.