
Alors que près de Rs 165 millions ont été investies dans le programme de thérapie de substitution à la méthadone au cours des trois dernières années, son efficacité est aujourd’hui remise en question. Le nombre de bénéficiaires est passé de 4 591 en juin 2016 à 8 851 en février 2025, témoignant d’un recours croissant à ce traitement. Cependant, cette hausse s’accompagne de doutes persistants quant à ses résultats concrets. Anil Bachoo, le ministre de la Santé, a d’ailleurs reconnu que des changements majeurs étaient à prévoir dans la stratégie de prise en charge, notamment concernant le programme de méthadone.
Des témoignages d’anciens toxicomanes du Centre d’Accueil de Terre Rouge révèlent que le traitement à base de méthadone n’a pas toujours les effets escomptés. Certains affirment qu’il n’améliore pas leur état de santé et, dans certains cas, l’aggrave.
Imran Dhannoo, directeur du Centre Idriss Goomany, estime que le programme s’est éloigné de son objectif initial. Il plaide en faveur de l’introduction d’autres traitements de désintoxication dès les premières phases du suivi thérapeutique.
De son côté, le Dr Fayzal Sulliman, CEO de la National Agency for Drug Control, souligne que le traitement uniquement basé sur la distribution de méthadone est incomplet. Il pointe du doigt l’absence de suivi psychosocial dans certains cas et évoque un trafic préoccupant autour de cet opioïde, qui en compromet l’efficacité.
Face aux limites du modèle actuel, les acteurs du secteur appellent à une révision en profondeur du programme et à l’adoption d’une approche plus humaine, intégrée et durable pour répondre à la complexité de l’addiction à Maurice.