Des centaines d’employés ont manifesté hier leur colère en Chine contre leurs conditions de vie et de rémunération dans la plus grande usine d’iPhone au monde, propriété du taïwanais Foxconn et soumise à un confinement anti-Covid.
Des vidéos transmises à l’AFP et d’autres, diffusées sur les réseaux sociaux, montrent une foule d’ouvriers défilant sur le site. Ils font face à des personnes en combinaisons intégrales de protection blanches et des policiers anti-émeute.
Foxconn a confirmé mercredi que des “violences” avaient bien eu lieu dans le complexe abritant l’usine, qui se trouve à Zhengzhou, capitale de la province du Henan (centre de la Chine).
Il s’agit d’un immense site industriel, surnommé “iPhone city”, qui emploie généralement quelque 200.000 personnes, dont la plupart résident sur place dans des dortoirs.
Confrontée depuis octobre à une hausse du nombre de personnes testées positives au coronavirus, l’usine est confinée. Certains employés avaient pris la fuite il y a quelques semaines, entraînant une pénurie de main d’oeuvre.
Une vidéo transmise à l’AFP et prise par un ouvrier montre une personne inerte sur le sol, à côté d’un homme dont la veste est tâchée de sang et la tête entourée d’un bandage.
Sur d’autres images, des dizaines de personnes en combinaisons intégrales de protection brandissent des matraques en poursuivant des ouvriers. L’un des employés est mis à terre avant de recevoir un coup de pied à la tête.
L’ouvrier qui a transmis ces vidéos à l’AFP estime qu’environ 20 personnes ont été blessées dans ces affrontements. Il a demandé à rester anonyme afin d’éviter d’éventuelles représailles.
Selon lui, des employés s’étaient dans un premier temps vu promettre une prime de 3.000 yuans (406 euros), en plus de leur salaire, en échange de la promesse de travailler au moins 30 jours dans l’usine.
Mais, toujours d’après cet ouvrier, la prime aurait été brusquement ramenée à seulement 30 yuans, ce qui aurait provoqué les manifestations, a-t-il déclaré à l’AFP.
De nombreux travailleurs sont également mécontents des conditions de vie “chaotiques”, a-t-il indiqué, ajoutant qu’il n’avait personnellement “rien reçu à manger” de la part de l’entreprise depuis mardi.
Des ouvriers testés négatifs au coronavirus ont été forcés de travailler aux côtés de collègues testés positifs et qui n’avaient pas été placés en quarantaine, a également assuré l’ouvrier.
Foxconn a reconnu que les travailleurs s’étaient plaints des salaires et des conditions de travail dans l’usine, mais a nié avoir hébergé de nouvelles recrues avec du personnel positif au coronavirus.
“En ce qui concerne les violences, l’entreprise continuera à communiquer avec les employés et les autorités pour éviter que des incidents similaires se reproduisent”, a assuré le groupe taïwanais dans un communiqué.
La Chine poursuit inlassablement sa politique sanitaire zéro Covid, qui implique de stricts confinements, des quarantaines pour les personnes testées positives et des tests PCR quasi-quotidiens, suscitant une grogne croissante de la population.
Etudiants et ouvriers sont parfois confinés de nombreuses semaines sur les campus ou les sites de production.
Sur d’autres images transmises mercredi et dont l’authenticité a été vérifiée par l’AFP, un homme apparaît avec le visage ensanglanté. Hors-champ, on entend un autre dire: “Ils frappent des gens, ils frappent des gens. Ont-ils une conscience?”
Et dans une vidéo diffusée en direct, de nuit, des dizaines d’ouvriers crient “Défendons nos droits!” devant des rangées de policiers.
Le mot-clé #EmeutesFoxconn semblait censuré mercredi sur les réseaux sociaux chinois et la presse locale passait l’affaire sous silence.
Foxconn est un grand groupe qui assemble des produits électroniques pour de nombreuses marques internationales.
Source : La Croix