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: Le 27/11/2021 à 13:49 | MAJ à 18/07/2024 à 17:23
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Publié : Le 27/11/2021 à 13:49 | MAJ à 18/07/2024 à 17:23
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Une affaire d’État. C’est le tournant pris par le viol présumé de la Miss Sénégal 2020, Ndèye Fatima Dion, soutenue par le gouvernement, par des organisations de femmes et des ONG, dont islamique Jamra. Submergée de plusieurs centaines de plaintes pour apologie du viol et complicité de proxénétisme, l’organisatrice de l’événement, qui a déclaré : “Si on te viole, c’est que tu l’as cherché. Elle est majeure après tout “ devra répondre devant un tribunal.
Au palais de justice de Dakar, les bureaux du procureur de la République ont dû être réaménagés dans la journée du 24 novembre pour faire de la place à plusieurs centaines de plaintes écrites venues de toutes parts pour demander la tête de l’infortunée organisatrice de l’élection Miss Sénégal, Aminata Badiane. Constitué d’une majorité écrasante de femmes indignées et toutes habillées de t-shirts de couleur orange, ce mouvement plus ou moins féministe se veut surtout défenseur de la dignité féminine contre tous les “prédateurs sexuels”.
“Nous sommes là parce que nous sommes outrées en tant que femmes. Au cours d’une interview, Aminata Badiane, qui est censée défendre les filles en tant que présidente du comité d’organisation de Miss Sénégal, a tenu des propos que nous jugeons extrêmement graves dans un État de droit où le viol a été criminalisé par la loi”, s’est insurgée la journaliste Hourèye Thiam Preira, porte-parole du mouvement, dans une déclaration lue à la Maison de la presse, non loin du tribunal.
Au lendemain du sacre le 14 novembre de Miss Sénégal 2021, la lauréate de l’année précédente, Ndèye Fatima Dione est sortie de son silence pour accuser le comité d’organisation de complicité dans le viol dont elle aurait été victime, suivi d’une grossesse au terme de laquelle elle est devenue la mère d’un enfant aujourd’hui âgé de cinq mois. En réponse à cette accusation, Amina Badiane a rétorqué ainsi: “toute victime de viol est consentante, le viol est une affaire entre deux personnes. Cette fille est majeure en plus”.
La violence des propos tenus en langue wolof, plus significative que ceux rapportés en français, a mis le feu aux poudres dans l’espace public sénégalais, à commencer par les réseaux sociaux d’où est parti le mouvement.
“Cette action est portée par l’ensemble des groupes de femmes sur Facebook, les organisations féministes et les activistes féminines. Elle ne porte l’effigie d’aucune organisation formelle ni d’aucune personne en particulier. C’est l’action des femmes sénégalaises”, a précisé Maïmouna Astou Yade, une autre responsable du mouvement.
Les griefs collés à Aminata Badiane dont la société Miss Sénégal commercialise le label Miss Sénégal sont de plusieurs ordres: apologie du viol, association de malfaiteurs et complicité passive de proxénétisme. C’est avec ces griefs que la très active ONG islamique Jamra a rédigé sa propre plainte, suivie d’une deuxième contre X “en raison des probables ramifications internationales de cette nébuleuse affaire qui pourrait requérir l’implication d’Interpol”.
“Aminata Badiane a foulé au pied sa responsabilité morale et pénale relativement à la préservation de la bonne image et de la sécurité de ses candidates au concours Miss Sénégal. Elle a jeté en pâture à l’opinion la Miss de l’édition 2020 qui se dit victime d’abus sexuels”, écrit Jamra dans un communiqué dont.
L’affaire prend une tournure politique quand le gouvernement intervient. Dans un communiqué, la ministre de la Femme et de la Famille encourage le principe de la dénonciation des faits de violence et promet à toutes les victimes “des mesures de protection et d’accompagnement développées par les institutions étatiques [au profit de] toute victime qui le sollicitera”. Puis, elle met le pied dans le plat.
“Que justice soit faite”
“L’actualité récente dans notre pays fait état d’une affaire présumée de viol suivi de grossesse sur la personne de mademoiselle Fatima Dione, Miss Sénégal 2020, avec des accusations et déclarations diverses. En de telles circonstances, l’État de droit appelle à les élucider afin que justice soit faite, le cas échéant, conformément à la loi”, écrit la ministre Ndèye Sali Diop Dieng.

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