+51°C au Pakistan, +48°C au Mexique, +46°C en Égypte. Partout dans le monde, des températures historiques sont enregistrées, menaçant la santé humaine, l’approvisionnement en eau, les récoltes futures et même la biodiversité, qui ne résiste pas à une chaleur si accablante. Du côté de l’Hexagone, un “dôme de chaleur” devrait s’abattre sur le Sud-Ouest cette semaine alors que le pays subit déjà une sécheresse historique.
Ce fut un répit de courte durée. Après plusieurs jours d’accalmie relative, avec des températures retombées sous la barre des 35°C, l’Asie du Sud a connu un nouveau pic vendredi 13 mai. Au Pakistan, certains endroits ont atteint les 50°C. Le mercure a même grimpé à 51°C à l’ombre, à Jacobabad, explosant le record de la température la plus élevée au monde en 2022. Et cette fournaise pourrait encore perdurer selon le Service météorologie du Pakistan (PMD).
“C’est comme un feu qui brûle tout autour”, a commenté Shafi Mohammad, un ouvrier agricole d’un village proche de Jacobabad, où les gens peinent à trouver de l’eau potable. Au plan national, les températures sont entre 6 et 9° “au-dessus de la normale saisonnière”, a souligné le PMD. “Cette année, nous sommes directement passés de l’hiver à l’été”, décrypte le prévisionniste en chef du PMD, Zaheer Ahmad Babar.
Le Pakistan est, selon lui, frappé depuis 2015 par la hausse des températures, en particulier dans les provinces du Sindh et du Pendjab. “L’intensité, la durée et la fréquence (de ces épisodes caniculaires) augmentent”, a-t-il expliqué à l’AFP. La situation devrait encore s’aggraver dans les années à venir en Asie du Sud en raison du réchauffement climatique, ont prévenu des scientifiques.
Arrêt des exportations de blé pour sécuriser les stocks
Les impacts sont nombreux pour les populations. Le manque d’eau d’abord, est un important problème. Le débit du fleuve Indus a été réduit de 65% cette année “en raison du manque de pluies et de neige”, selon le porte-parole du département de l’Irrigation dans le Pendjab, Adnan Hassan. Prenant sa source au Tibet, il traverse l’Inde puis le Pakistan avant de se jeter en mer d’Arabie. Son bassin procure 90% de l’alimentation en eau du Pakistan, selon l’ONU. La presse a signalé que des moutons étaient morts d’insolation et de déshydratation dans le désert du Cholistan au Pendjab, la province la plus peuplée et le grenier à céréales du Pakistan. “Il y a un vrai risque de pénurie de nourriture et de récoltes cette année dans le pays, si ce manque d’eau doit persister”, a souligné Adnan Hassan.
L’Inde, où des milliers d’oiseaux sont littéralement tombés du ciel, épuisés et déshydratés, a décidé le samedi 14 mai de suspendre ses exportations de blé pour sécuriser ses stocks en vue des mauvaises récoltes à venir. Une décision de taille pour le deuxième producteur de blé au monde qui pourrait avoir des conséquences sur la sécurité alimentaire mondiale. Mais les chiffres sont particulièrement inquiétants : selon le gouvernement, la vague de chaleur en cours pourrait entraîner une baisse de 5 % des rendements de la récolte de blé, une première en six ans.
Dôme de chaleur en France
Et l’Asie du Sud n’est pas la seule région du monde touchée par des vagues de chaleurs records. Le Mexique a enregistré le 14 mai des températures de 48°C dans l’État de Chihuahua. “La semaine prochaine, une vague de chaleur persistera dans tout le sud-ouest des États-Unis, de la Californie à l’Arizona, du Texas au nord du Mexique avec des températures extrêmement élevées”, note le compte Twitter Extreme Temperatures Around the World animé par le climatologue Maximiliano Herrera. Le Moyen-Orient n’est pas non plus épargné avec 46,2°C en Égypte, 46,7°C en Arabie Saoudite. Ce sont justement ces pays qui ont été identifiés par la NASA, dans une étude publiée début avril, comme potentiellement inhabitables d’ici 2050 en raison de températures extrêmes sur l’indice du “thermomètre mouillé”.
Quant à l’Hexagone, il devrait aussi subir des températures extrêmes cette semaine. Un “dôme de chaleur” va toucher le Sud-Ouest, le mercure va dépasser les 35°C avec un ressenti à +40°C à certains endroits. “Il s’agit d’un épisode de chaleur remarquable par sa précocité, sa durabilité et son étendue géographique”, indique Météo France. “Dans le contexte du changement climatique, notons que les périodes de vagues de chaleurs sont amenées à devenir plus fréquentes, et tendent à s’installer plus précocement au cours du printemps qu’avant” ajoute l’organisme.
Source : novethic.fr