En 2003, sous le gouvernement de l’alliance MSM/MMM, l’État avait attribué plusieurs lots de terrain à Réduit à diverses organisations socio-culturelles pour la construction de centres culturels. Parmi, 40 perches avaient été allouées au centre culturel tamoul.
Nous revenons aujourd’hui sur cette saga qui a fait couler beaucoup d’encre.
Changement de régime en juillet 2005. Exit le gouvernement MSM/MMM. Enter le gouvernement de l’Alliance Sociale, mené par le Parti travailliste, avec Navin Ramgoolam comme Premier ministre. Cette même année, le terrain de Réduit est repris au centre culturel tamoul pour être alloué au groupe dirigé par Dawood Rawat, en vue de son projet de centre hospitalier Apollo Bramwell.
S’ensuivent en 2006 des manifestations organisées par la Mauritius Tamil Temples Federation, menée par son président d’alors, feu Vijayen Moorghen.
Se mêle à toute cette saga, l’avoué Pazhany Rangasamy, président du Tamil Heritage Front.
Et c’est suite à son intervention que vient la proposition du gouvernement de mettre à leur disposition un autre lopin de terre, toujours à Réduit, qui été destiné à la construction d’un bâtiment pour les archives nationales. Une réunion se tient alors au bureau du Premier ministre en présence de feu Comra Singaravelloo, Mahen Candasamy, Ganesh Thirukaluty et Kailash Ruhee. Mais Vijayen Moorghen refuse tout compromis. Il exige le retour du terrain originel, lequel avait déjà été alloué à Apollo Bramwell.
Interrogé à ce sujet, l’avoué Pazhany Rangasamy confie à Top FM que c’est suite à son intervention qu’une autre réunion est fixée. Cette fois-ci, elle se tient à la Clarisse House, en présence du Premier ministre, Navin Ramgoolam, le mercredi 30 novembre 2006. Le président de la Mauritius Tamil Temples Federation et les membres d’autres organisations socio-culturelles sont conviés à cette réunion, à l’initiative du Tamil Heritage Front.
Un groupe de 12 personnes se réunit également à l’entrée de la Clarisse House, insistant pour assister à la réunion avec le Premier ministre d’alors. De ce groupe, seules quatre personnes sont finalement invitées à assister à la réunion, sous condition que le président du Tamil Heritage Front, Me Pazhany Rangasamy, lequel est à l’origine de l’invitation, ne soit pas de la partie. Ce dernier accepte la décision.
À l’issue de la réunion, le terrain initialement identifié par Me Pazhany Rangasamy et proposé par le Premier ministre d’alors est accepté par les membres de la communauté tamoule, comme une lettre à la poste. Une fois la réunion terminée, Me Pazhany Rangasamy est invité par Navin Ramgoolam à se joindre à eux. L’avoué nous confie qu’il a profité de l’occasion, en tant que président du Tamil Heritage Front, pour faire trois autres propositions.
Il cite notamment l’introduction au Parlement du Tamil Speaking Union Bill. Il suggère aussi que la statue d’Anjalay Coopen soit installée dans l’enceinte de l’ancienne cour de justice et, en dernier lieu, que le Thaipoosam Cavadee devienne un congé optionnel et que le jour férié soit ainsi décrété pour le Nouvel An Tamoul. Cette troisième suggestion a été vivement contestée par les membres de la Fédération des Temples Tamoules, nous confie Me Pazhany Rangasamy.
Mais presque deux décennies plus tard, ni la communauté tamoule ni les autres organisations socioculturelles n’ont vu leurs centres culturels se concrétiser. De plus, le pays n’a toujours pas de lieu spécifique digne de ce nom pour abriter les archives nationales.
Entre-temps, le présent gouvernement décide de reprendre le terrain de Réduit pour cette fois-ci développer un Medical Hub, ciblant le marché croissant du Silver Economy, avec déjà l’ex-hôpital Apollo Bramwell, le Royal Green qui se trouve dans cette zone et le futur hôpital des yeux qui s’y trouvera aussi.
En contrepartie, des terrains situés à La Vigie sont proposés aux associations socioculturelles, puis, face à leur réticence, à Côte d’Or-Hermitage. Trois des quatre associations culturelles acceptent l’offre, à savoir le Mauritius Tamil Cultural Centre Trust, l’Hindu Speaking Union et l’Urdu Speaking Union. Cependant, l’Indo Mauritian Catholic Association dépose une injonction en cour, refusant la décision du gouvernement.
Cette relocalisation suscite encore une fois un vif mécontentement au sein d’une partie de la communauté tamoule. Le mouvement "Rann Nou Later" émerge, mené par Devarajen Kanaksabee, qui conteste cette décision.
Entre-temps, le Premier ministre Pravind Jugnauth annonce que le gouvernement MSM s’engage, en sus d’allouer ce nouveau terrain à Côte d’Or, à couvrir les coûts de construction qui s’élèvent à la hauteur de Rs 50 millions pour les associations relocalisées à Côte d’Or.
Toujours insatisfaits, plusieurs manifestations sont organisées par ceux qui sont contre cette décision pour réclamer la restitution du terrain du ‘Réduit Triangle’. Le 27 août, alors que le gouvernement organise la cérémonie de remise de contrats aux associations socio-culturelles à Côte d’Or, le mouvement "Rann Nou Later" choisit ce même jour pour tenir une manifestation non loin de ce lieu.
L’événement dégénère en une altercation avec les forces de l’ordre, conduisant à l’interpellation de quatre manifestants, dont Devarajen Kanaksabee et Rajen Narsinghen.