Des résidus d’huiles lourdes subsistent encore dans les sédiments des mangroves du sud-est de Maurice, quatre ans après la catastrophe environnementale provoquée par le naufrage du MV Wakashio en juillet 2020.
C’est ce que révèle une étude récente publiée en novembre 2024 dans le Marine Pollution Bulletin (MPB), menée par des chercheurs de l’Université Curtin, dont Alan Scarlett, Robert Nelson, Marthe Gagnon, Christopher Reddy et Kliti Grice.
Le naufrage du Wakashio, qui avait déversé environ 1 000 tonnes de pétrole à très faible teneur en soufre dans les eaux mauriciennes, avait marqué un tournant. Ce type de carburant, introduit en janvier 2020 sous les régulations de l’Organisation Maritime Internationale (OMI) pour réduire les émissions atmosphériques de soufre, montre désormais des effets environnementaux persistants.
Des prélèvements réalisés en mars 2023 dans deux zones de mangroves du sud-est révèlent que l’une d’elles présente encore des concentrations importantes d’hydrocarbures. Les analyses effectuées par chromatographie gazeuse ont confirmé la présence de résidus toxiques résistants, malgré une dégradation naturelle des hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP).
L’étude met en lumière la résilience limitée des mangroves face à cette pollution. Les hydrocarbures présents dans les sédiments réduisent la productivité des arbres, augmentent leur vulnérabilité aux stress environnementaux et perturbent les écosystèmes qui dépendent de ces habitats, des espèces animales aux végétales. Des études antérieures indiquent que les mangroves contaminées peuvent nécessiter plusieurs décennies pour se régénérer complètement.
Les chercheurs soulignent le danger d’interventions humaines visant à retirer les hydrocarbures des sédiments, ces dernières risquant d’aggraver les dommages écologiques. Ils recommandent plutôt un suivi à long terme de la santé des mangroves et des espèces associées, afin d’évaluer leur régénération naturelle.
L’étude soulève également une problématique environnementale cruciale : en comparaison aux fiouls traditionnels, les carburants à faible teneur en soufre semblent plus enclins à se sédimenter, rendant leur impact encore plus durable. Cela pose des questions quant aux conséquences des futures marées noires impliquant ces nouveaux types de carburants, présentés comme plus "propres" pour l’atmosphère.
Selon les chercheurs, Maurice, comme d’autres nations côtières, doit renforcer ses efforts pour assurer un suivi rigoureux et mieux se préparer à faire face à de telles catastrophes.