I. La vieillesse : un concept à limites variables
Il y a tellement de termes pour décrire les personnes qui entrent dans la catégorie de la vieillesse que l’on pourrait s’y perdre : seniors, personnes âgées, vieux (attention, dans notre bouche ce terme n’a rien de péjoratif).
Faisons un peu le point sur différentes définitions :
Dans le monde de l’entreprise, le terme senior est employé pour désigner des personnes ayant plus de 45 ans.
Dans le sport, on devient senior encore plus tôt. Par exemple, pour la Fédération Française d’Athlétisme, on est « senior » dès l’âge de 23 ans.
Pour les publicitaires, les seniors correspondent souvent aux plus de 50 ans.
Dans le domaine de la santé, l’Organisation Mondiale de la Santé retient l’âge de 60 ans pour définir la notion de « personne âgée » et de 80 ans pour celle de « personne très âgée ».
…
On le voit, la définition de vieillesse repose à la fois sur des perceptions biologiques mais aussi individuelles et sociétales. D’ailleurs cette perception est fortement liée au regard et aux interprétations d’autrui. En somme, on est toujours le vieux d’un autre ! Pour vous en convaincre, lisez cet article de Bernard Ennuyer de 2011 qui portait le même titre que le nôtre aujourd’hui.
Nous vous livrons ici sa conclusion :
« En définitive, plus que jamais, s’impose la phrase d’anthologie de Pierre Bourdieu : « L’âge est une donnée biologique, socialement manipulée et manipulable ».
Combattons donc sans relâche cette catégorisation et ce classement des âges, facteurs de ségrégation sociale et de chosification des individus. L’assignation à comportement d’âge est une négation complète de la singularité et de l’essence même de l’être humain. »
Bernard Ennuyer
II. Focus sur la transition démographique
En 2019, la France compte près de 67 millions d’habitants. Il y a environ 17,5 millions de personnes de plus de 60 ans soit près 26% de la population. (Chiffres INSEE).
Si les tendances démographiques récentes se poursuivaient, la France compterait 76,5 millions d’habitants au 1er janvier 2070. Par rapport à 2013, la population augmenterait donc de 10,7 millions d’habitants, essentiellement des personnes de 65 ans ou plus (+ 10,4 millions). En particulier, la population âgée de 75 ans ou plus serait deux fois plus nombreuse en 2070 qu’en 2013 (+ 7,8 millions).
Jusqu’en 2040, la proportion de personnes âgées de 65 ans ou plus progressera fortement, quelles que soient les hypothèses retenues sur l’évolution de la fécondité, des migrations ou de l’espérance de vie : à cette date, environ un habitant sur quatre aura 65 ans ou plus (contre 18 % en 2013). Cette forte hausse correspond à l’arrivée dans cette classe d’âge de toutes les générations du baby-boom.
L’évolution serait ensuite plus modérée : selon les hypothèses, 25 % à 34 % de la population dépasserait cet âge en 2070.
Nathalie Blanpain et Guillemette Buisson, division Enquêtes et études démographiques, Insee INSEE PREMIÈRE No 1619 Paru le : 03/11/2016
La révolution démographique est en marche, et cela aura une incidence sur le nombre d’aidants dans les années à venir. En effet, si la population de personnes de plus de 60 ans augmente, le nombre de personnes âgées dépendantes va augmenter aussi.
Néanmoins, il ne faudrait pas croire que toutes les personnes âgées deviennent dépendantes ! Aujourd’hui, seuls 8% des plus de 60 ans sont dépendants et 20% des plus de 85 ans (soit 1 sur 5). L’âge moyen de la perte d’autonomie est de 83 ans.
(Personnes âgées / Chiffres clés, Ministère des solidarités et de la Santé)
III. Quelles sont les répercussions physiologiques de l’âge ?
Tous les mécanismes biologiques responsables du vieillissement ne sont pas élucidés. Les progrès de la recherche permettent toutefois aujourd’hui de mieux appréhender certains facteurs intervenant dans ce processus.
Le vieillissement est un phénomène complexe et multifactoriel.
Le processus de vieillissement se produit à tous les niveaux de fonctionnement : cellulaire, tissulaire, organique et systémique.
– Durée de vie limitée des cellules
– Tissus (peau, cartilages, tendons…)
– Organes (cerveau, reins, cœur…)
– Système : digestif, cardiovasculaire…
Les changements ne sont pas linéaires, ils ne répondent pas à une logique claire et n’ont que peu de rapport avec l’âge effectif de la personne en années. Certains possèdent à 80 ans des capacités physiques et mentales comparables à celles de personnes de 20 ans.
Pour vous en persuader et vous donner une vision positive de la vieillesse, nous ne pouvons que vous conseiller de regarder ce reportage sur Yvonne Dowlen qui à 90 ans faisait encore de la compétition de patinage artistique (la vidéo est en anglais).
Certaines différences dans l’état de santé des personnes âgées s’expliquent par le patrimoine génétique, mais celui-ci ne fait pas tout. La plupart des différences sont dues à l’influence des environnements physiques et sociaux ainsi qu’aux comportements de chaque individu en matière de santé. Ces facteurs commencent d’ailleurs à influencer le vieillissement ultérieur dès l’enfance (ex : milieu défavorisé, difficultés d’accès aux soins, malnutrition…)
Que pouvons-nous retirer de tout ceci ?
L’âge de la vieillesse n’a pas de définition consensuelle : celle-ci est en partie une construction sociale. On peut être très jeune dans sa tête à plus de 80 ans !
Cependant, c’est en partie seulement une construction sociale car il y a malgré tout une répercussion biologique de l’avancée en âge. La bonne nouvelle, c’est que nos comportements en matière de santé et de prévention peuvent favoriser le « Bien vieillir ».
La révolution démographique est en marche et dans les années à venir, il est probable que nous serons beaucoup plus nombreux à devenir pour un temps des aidants. Aidants : tous concernés !
Source: https://bit.ly/33YjT52