Un revenant dont on se serait bien passé. Le Covid-19 recommence à faire parler de lui au cœur de l’été en France, comme dans plusieurs autres pays, avec une recrudescence des cas – notamment après les fêtes de Bayonne, l’un des plus grands rassemblements festifs d’Europe, qui ont attiré 1,3 million de personnes fin juillet.
Dans les services d’urgences, le nombre de passages pour suspicion de Covid-19 a grimpé en moyenne de 31 % lors de la semaine du 31 juillet au 6 août par rapport à la précédente, touchant 920 patients de tous âges confondus, selon Santé publique France, qui indique que ces effectifs restent “modérés”. Ces indicateurs sont désormais les seuls disponibles, la surveillance quotidienne de la pandémie s’étant arrêtée le 30 juin en raison du “contexte épidémique favorable”, indique l’agence nationale.
De son côté, le réseau SOS Médecins a constaté une augmentation de 84 % des actes médicaux pour suspicion de Covid-19 la semaine dernière par rapport à la semaine précédente. Si cette augmentation concerne “toutes les classes d’âge”, elle touche particulièrement les enfants de moins de deux ans. La hausse de l’incidence en métropole est “localisée notamment dans le Sud-Ouest et portée essentiellement par la Nouvelle-Aquitaine”, a relevé la Direction générale de la santé, constatant que “la plupart des cas sont dans des régions de vacances très fréquentées”.
Ce rebond pourrait s’expliquer par l’apparition d’un nouveau variant EG.5.1, surnommé par certains scientifiques “Eris” – la déesse de la discorde dans la mythologie grecque. Ce nouvel arrivant a été ajouté mercredi à la liste des variants “à suivre” par l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
“Une nouvelle vague de Covid apparaît en effet avec l’émergence d’un nouveau variant, plus transmissible que les précédents et qui s’impose comme variant dominant”, analyse Antoine Flahault, médecin épidémiologiste et directeur de l’Institut de santé globale à la faculté de médecine de l’université de Genève. “C’est ce qui semble se produire depuis quelques semaines avec le sous-variant d’Omicron EG.5.1.”
Selon la structure internationale Gisaid, qui assure le partage des données officielles sur le Covid-19, la souche EG.5.1 serait aujourd’hui présente dans près de 35 % des virus séquencés en France. Un chiffre “qu’il ne faut pas prendre à la lettre”, avertit Mircea Sofonea, maître de conférences en épidémiologie à l’université de Montpellier, car “il ne prend en compte que les tests positifs, or on est loin de tester toutes les personnes infectées”.
Depuis le début de l’ère Omicron, de nouveaux variants – comme Eris – sont régulièrement identifiés en France comme étant plus résistants aux anticorps. Ceux-ci présentent des “propriétés d’échappement immunitaire”, précise Mircea Sofonea. “Ce n’est pas quelque chose de nouveau. Mais la reprise épidémique actuelle témoigne que le virus continue de muter.
Jusqu’à présent, la situation reste sous contrôle, sans tension hospitalière, notamment sur les services de réanimation. “Dans les pays où ce variant est passé, on ne rapporte pas davantage de formes graves par rapport aux précédents variants d’Omicron”, observe Antoine Flahault. “On n’a pas constaté en particulier de nouvelle saturation des systèmes de santé.” De son côté, l’OMS a précisé que “le risque pour la santé publique posé par l’EG.5 est évalué comme faible au niveau mondial”.
Il est néanmoins nécessaire de rester prudent et d’anticiper afin de ne pas se retrouver dans une situation alarmante dans quelques mois, préviennent les chercheurs. “C’est une circulation qui, d’ici l’automne, peut atteindre des niveaux non négligeables pour les systèmes de soin”, raisonne Mircea Sofonea. “C’est aussi une période où des épidémies de grippe et de bronchiolite peuvent arriver. C’est ce qui est inquiétant.”