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: Le 10/12/2020 à 12:03 | MAJ à 18/07/2024 à 17:26
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Publié : Le 10/12/2020 à 12:03 | MAJ à 18/07/2024 à 17:26
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La jeune scientifique a été récompensée pour ses travaux sur l’eau potable contaminée mais aussi pour son application contre le cyberharcèlement. C’est la première fois que le célèbre magazine américain récompense une enfant.

Pour la première fois depuis 1927, le célèbre magazine américain Time a désigné une enfant comme «personnalité de l’année». Et ce «kid of the year» est une jeune fille américano-indienne âgée de 15 ans Gitanjali Rao. Cette «jeune scientifique brillante et inventrice» originaire de Denver au Colorado a notamment été récompensée pour avoir créé un appareil nommé «Tethys» permettant de détecter si l’eau du robinet est contaminée au plomb. Un boîtier destiné notamment aux pays en développement avec lequel elle a remporté en 2017, à 12 ans le Young Scientist Challenge.

«J’avais environ 10 ans quand j’ai dit à mes parents que je voulais faire des recherches sur la technologie des capteurs à nanotubes de carbone au laboratoire de recherche sur la qualité de l’eau de Denver», raconte-t-elle dans l’interview menée par l’actrice et activiste Angelina Jolie.

Le déclencheur de cet intérêt précoce pour les sciences ? «Quand j’ai eu 5 ans, mon oncle m’a offert un kit de jeu sur la chimie, je l’ai ouvert et j’ai tout fait en une journée.» Dès le CP ou CE1, Gitanjali Rao a «commencé à réfléchir à la manière d’utiliser la science et la technologie pour créer le changement social.»

Cette distinction du Time vient aussi saluer son travail sur le cyberharcèlement. Elle a mis au point une application et une extension de Google Chrome nommée «Kindly», permettant de lutter contre le harcèlement en ligne. Le principe est simple : «Vous tapez un mot ou une phrase, et il est capable de le détecter s’il s’agit de harcèlement, et cela vous donne la possibilité de le modifier ou de l’envoyer tel quel. Le but n’est pas de punir. […] A la place, ça vous donne la possibilité de repenser ce que vous dites», explique-t-elle. Un outil codé en ayant recours à l’intelligence artificielle.

Cette jeune fille ambitieuse, biberonnée à la MIT Technology Review qu’elle lit «constamment», a surtout été motivée par l’idée de se sentir utile : « J’ai toujours voulu faire sourire les gens. C’était mon objectif quotidien. Et cela s’est vite transformé en : “Comment pouvons-nous apporter de la positivité et de la solidarité à l’endroit où nous vivons ?” » Au-delà de ces deux inventions, elle a également écrit deux livres, donné des conférences et organisé des «sessions d’innovations» auprès de 30 000 étudiants. «Mon objectif est non seulement de créer mes propres appareils pour résoudre les problèmes du monde, mais aussi d’inspirer les autres à faire de même. Parce que, d’après mon expérience personnelle, ce n’est pas facile quand on ne voit personne d’autre comme nous».

 

«Je ne ressemble pas à l’idée qu’on se fait du scientifique»

Vêtue en une du magazine d’une blouse blanche accompagnée de nombreuses médailles, elle analyse, consciente de briser de nombreux clichés : «Je ne ressemble pas à l’idée qu’on se fait du scientifique, généralement, ce sont des hommes, âgés, souvent blancs. Mon but est d’inspirer d’autres jeunes à faire comme moi, leur donner un modèle.» Des hommes blancs et âgés qui ont également souvent trusté la place de «personnalité de l’année». Un vent de changement ? A l’occasion de la journée des droits des femmes, le magazine Time avait décidé en mars de mettre en avant cent femmes qui ont marqué l’histoire. Jusqu’en 1999, le titre avait décerné la majorité de ces distinctions honorifiques à des hommes. Cela s’appelait d’ailleurs «l’homme de l’année». Malgré ce changement de typologie, Gitanjali Rao est seulement la douzième femme à avoir fait la une depuis 1927. Elle succède à la militante écologiste Greta Thunberg, adolescente également mais encore désignée l’an dernier sous le titre de «personnalité de l’année».

 

La jeune scientifique ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Elle planche d’ores et déjà sur un appareil capable de détecter les parasites dans l’eau. «Je travaille également sur un produit qui aide à diagnostiquer la dépendance aux opioïdes prescrits sur ordonnance à un stade précoce […] Je suis vraiment très intéressée par la génétique», détaille-t-elle. Cette adolescente, qui avait déjà intégré le prestigieux classement de Forbes «30 under 30» en 2019, assure s’adonner aussi à des occupations de son âge, surtout durant le confinement. «Je fais de la pâtisserie en quantité astronomique. Ce n’est pas bon, mais ça cuit. C’est aussi de la science.»

Source : Libération