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Keshinee: Le 12/10/2025 à 10:48 | MAJ à 12/10/2025 à 10:53
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Publié : Le 12/10/2025 à 10:48 | MAJ à 12/10/2025 à 10:53
Par : Dooshina Appigadu

Ce dimanche 12 octobre, Rodrigues commémore le 23ᵉ anniversaire de son autonomie régionale. Près d’un quart de siècle après son instauration, cette autonomie demeure un symbole fort d’émancipation politique au sein de la République de Maurice. Pourtant, les récents remous politiques, les appels à la dissolution de l’Assemblée régionale et les discussions sur une réforme électorale rappellent que le modèle rodriguais, bien qu’avancé, reste fragile et contesté.


En somme, cette célébration du 12 octobre est bien plus qu’une commémoration historique. Elle pose une question essentielle : jusqu’où Rodrigues peut-elle aller dans son autonomie sans rompre l’équilibre national ? 

Entrée en vigueur en 2002 à la suite de la Rodrigues Regional Assembly Act (2001), l’autonomie devait offrir à Rodrigues une gouvernance de proximité, mieux adaptée à ses réalités insulaires. Depuis, l’Assemblée régionale gère plusieurs domaines clés — agriculture, pêche, tourisme, environnement, éducation — tout en s’efforçant de bâtir une administration propre.


Mais pour nombre d’acteurs politiques et économiques, cette autonomie demeure largement encadrée. La dépendance budgétaire envers Port-Louis — les subventions de l’État mauricien couvrant encore près de 80 % du budget rodriguais — limite l’indépendance de décision du gouvernement régional.


Malgré ces contraintes, Rodrigues a su consolider ses institutions régionales et professionnaliser sa fonction publique. La gouvernance locale s’est renforcée, et des initiatives durables ont vu le jour : gestion des réserves naturelles, projets d’énergies renouvelables, programmes de revalorisation agricole et soutien aux petits pêcheurs.


Le bilan économique, lui, reste mitigé. Si le tourisme et l’artisanat ont progressé, l’économie rodriguaise demeure fragile et peu diversifiée. L’île dépend encore largement de Maurice pour les importations, les investissements et les transferts budgétaires.


Le climat politique à Rodrigues est tendu. La proposition du Vice-Premier ministre Paul Bérenger de dissoudre l’Assemblée régionale et de convoquer de nouvelles élections a suscité de vives réactions. Certains élus rodriguais y voient une ingérence dans les affaires locales, contraire à l’esprit même de l’autonomie.


Cette initiative intervient dans un contexte de rivalités croissantes entre le gouvernement régional et certaines forces politiques nationales, sur fond de désaccords autour de la réforme électorale rodriguaise. Celle-ci vise notamment à revoir la répartition des sièges, la représentation proportionnelle et les mécanismes de gouvernance, dans un souci de transparence et d’efficacité.


Si certains saluent cette réforme comme une étape nécessaire pour moderniser les institutions rodriguaises, d’autres y perçoivent une tentative de centralisation déguisée. Le débat, encore vif, témoigne de la sensibilité politique du dossier rodriguais, où se croisent enjeux locaux et calculs nationaux.


Alors que Rodrigues célèbre 23 ans d’autonomie, les attentes sont grandes. Beaucoup appellent à un renforcement du pouvoir budgétaire et décisionnel de l’Assemblée régionale, afin de donner un contenu concret à la promesse d’autonomie. D’autres plaident pour une refonte du cadre légal, afin de clarifier les relations entre le gouvernement central et le gouvernement régional.