
La Banque de Maurice (BOM) a procédé le lundi 27 janvier à une nouvelle intervention sur le marché intérieur des changes, vendant 15 millions de dollars au taux de Rs 46,30 le dollar. Il s'agit de la deuxième intervention de la Banque centrale ce mois-ci, après une vente de 10 millions de dollars au taux de Rs 46,75 le 6 janvier dernier.
Si ces interventions semblent produire des effets techniques immédiats, elles soulèvent une question de fond : à quand une vraie stabilité de la monnaie mauricienne ?
Pour les spécialistes, l'intervention de la BOM a permis d'éviter une volatilité excessive et dangereuse. Cependant, cette dépendance constante aux interventions monétaires illustre un équilibre fragile, où chaque faux pas pourrait aggraver la situation. À l'échelle internationale, les devises des marchés émergents, comme la roupie mauricienne, sont particulièrement vulnérables aux turbulences des marchés mondiaux.
Cette dynamique met en lumière une problématique plus profonde : une stabilité artificielle n'est pas nécessairement un gage de santé économique. Si les chiffres actuels rassurent à court terme, les mécanismes sous-jacents révèlent des fragilités structurelles. Ainsi, une question persiste : la stabilité de la roupie est-elle durable ou repose-t-elle sur une illusion soigneusement entretenue ?
Au-delà de ces interventions, un autre problème, inquiète, soit la pénurie persistante du dollar sur le marché local. Ce manque de devises étrangères, essentielles pour les transactions internationales, représente aujourd'hui un défi majeur pour l'économie mauricienne.
Selon les spécialistes, cette pénurie peut être attribuée à deux facteurs principaux. D'une part, le différentiel des taux d'intérêt entre la roupie et d'autres devises internationales dissuade les investisseurs à convertir leurs dollars en roupies, préférant des monnaies offrant des rendements plus compétitifs, comme l'euro ou certaines devises asiatiques.
D'autre part, le comportement des exportateurs aggrave la situation. En disposant de dépôts en dollars rémunérés à des taux directeur de 4 %, ces derniers préfèrent conserver leurs devises étrangères plutôt que de les échanger contre des roupies. Bien que rationnelle sur le plan financier, cette stratégie accentue la rareté de dollars sur le marché local.
Cette pénurie de devises complique considérablement les opérations des entreprises locales, notamment celles dépendant des importations. L'économie mauricienne, fortement dépendant des biens importés, est ainsi confrontée à une pression accrue.
Face à ce contexte, la Banque de Maurice devra jongler entre stabilisation à court terme et résolution des fragilités structurelles pour éviter que la roupie ne devienne un symbole d’instabilité.