C’est une première : Vladimir Poutine n’a pas annoncé lui-même son intention d’être candidat à une cinquième réélection dont le résultat ne fait aucun doute, tant la répression est devenue massive depuis le début de la guerre en Ukraine. Le choix de communication du Kremlin signe en revanche une volonté d’inscrire cette campagne dans la confrontation avec l’Ukraine et l’Occident.
C’est à un petit cercle de militaires qu’il venait de décorer dans la prestigieuse salle Saint Georges du Kremlin que Vladimir Poutine a réservé son officialisation de candidature et c’est l’un d’eux, et pas n’importe lequel, qui l’a appris au pays en sortant via les caméras : un combattant russe en Ukraine. Il a fallu attendre 40 minutes pour que les télévisions d’État retransmettent l’échange filmé, celui où Artiom Joga, un officier de la région de Donetsk, demande à Vladimir Poutine de se présenter « au nom de notre peuple, de tout le Donbass, de nos terres réunies ». « Les terres réunies », comme « les nouvelles régions », sont les termes utilisés en Russie pour qualifier les territoires d’Ukraine annexés par Moscou.
Tout cet automne et ce début d’hiver, la stratégie du pouvoir avait été d’éloigner le plus possible la guerre du quotidien des Russes, de montrer autant que possible une vie qui se veut « normale ». Reste que la priorité essentielle du pouvoir, c’est la guerre en Ukraine.
La campagne présidentielle de Poutine s’annonce donc résolument sous le signe de la confrontation militaire et de la guerre d’influence. Le calendrier de ces prochains mois va d’ailleurs offrir au Kremlin de nombreuses occasions de dérouler son narratif avec des commémorations qui vont marquer les 60 ans de batailles majeures de la Seconde Guerre mondiale, dite « grande guerre patriotique » en Russie.
Le vote lui-même aura lieu mi-mars, pile au moment des 10 ans de l’annexion de la Crimée. Aucun détracteur du Kremlin ne devrait être en mesure de se présenter, les opposants d’envergure étant soit en prison, soit en exil.
Grâce à une réforme constitutionnelle en 2020, Vladimir Poutine a la possibilité de rester au pouvoir jusqu’en 2036.Russ