Une enquête officielle révèle de graves irrégularités dans l’attribution des visas Hadj 2025 par l’Islamic Cultural Centre Trust Fund (ICCTF).
Le rapport de l’enquête, commandée par le ministère des Arts et de la Culture le 14 mai 2025, fait état de manquements administratifs, de falsifications présumées et d’un manque flagrant de transparence dans le processus d’enregistrement et de sélection des pèlerins. Le document a déjà été transmis au Bureau du Directeur des Poursuites Publiques.
Le Comité d’enquête, institué à la suite d’accusations circulant sur les réseaux sociaux et au sein même de l’ICCTF, s’est d’abord penché sur cinq cas suspects avant d’élargir ses investigations à 32 autres dossiers.
Le Conseil des ministres avait été informé du déroulement de cette enquête lors de ses séances du 23 mai et du 18 juillet 2025.
Les premières conclusions sont accablantes :
- Absence de procédures claires définissant les responsabilités du personnel pour l’inscription et la sélection des pèlerins ;
- Aucun mécanisme de contrôle interne pour garantir l’équité du processus ;
- Altération de formulaires, falsification de signatures et modification de cartes de confirmation (« purple cards ») ;
- Indices évidents de fraudes et de manipulations internes dans l’émission de visas Hadj.
Parmi les cinq cas initiaux, un a particulièrement retenu l’attention. Lors de son audition, un témoin a affirmé que la signature figurant sur son formulaire de confirmation n’était ni la sienne ni celle de son père.
Des anomalies similaires ont été relevées dans les documents de deux autres personnes, dont les cartes de confirmation avaient été imprimées sur la même feuille, contrairement aux procédures habituelles.
Les enquêteurs ont également constaté que les signatures apposées sur les formulaires ne correspondaient pas à celles figurant sur les passeports des pèlerins. Après comparaison, elles semblaient similaires à celle d’un employé de l’ICCT, qui a toutefois nié toute implication. Le comité recommande désormais une expertise graphologique pour déterminer s’il
s’agit de ‘faux’.
Autre élément troublant : aucune trace des paiements de Tannazul — le mécanisme financier lié à l’échange de places entre pèlerins — n’a été retrouvée pour ces cinq candidats.
Le rapport du Comité d’enquête met en lumière un dysfonctionnement systémique au sein de l’ICCTF, qui remet en cause la crédibilité de l’institution chargée de superviser le pèlerinage du Hadj à Maurice. Le document recommande une série de réformes urgentes visant à renforcer la transparence, la traçabilité et la responsabilité administrative.