
Le dispositif de « Reward Money », mis en place à Maurice dans les années 2010 pour récompenser les informateurs aidant à lutter contre le trafic de drogue, est aujourd’hui au cœur d’un scandale retentissant.
Géré par le Commissaire de police à travers un fonds mensuel de Rs 500 000, ce mécanisme permettait aux forces de l’ordre de soumettre des demandes de récompense après des saisies majeures.
Le montant versé dépendait de plusieurs critères, dont le risque encouru, le volume de drogue saisi et la valeur des renseignements fournis.
Le dispositif de « Reward Money », protégé par l’Official Secrets Act 1975, est aujourd’hui au cœur d’un scandale mêlant argent public, silence institutionnel et soupçons de blanchiment.
Entre 2016 et 2022, des dizaines de millions de roupies ont ainsi été distribuées, parfois sans réelle traçabilité.
En juin 2022, un chèque de Rs 4,5 millions, signé par l’ex-commissaire Anil Kumar Dip, aurait été transféré sur un compte conjoint au nom de l’Assistant Commissaire de Police (ACP) Lilram Deal et de son épouse. Les fonds, officiellement issus du Reward Money, couvraient huit affaires de drogue.
Deux mois plus tard, Rs 2 millions auraient été utilisées pour l’achat d’une Toyota RAV4 de luxe. Cependant, en mai 2025, la Financial Intelligence Unit (FIU) signale des irrégularités à la Financial Crimes Commission (FCC), qui déclenche une enquête pour blanchiment d’argent.
Le 20 juin dernier, l’ACP Lilram Deal est arrêté. La FCC saisit la RAV4 ainsi que d’autres biens et comptes bancaires. Lors de sa comparution en cour le 25 juin,Lilram Deal aurait impliqué deux autres hauts gradés de la police, et une trentaine de personnes, qui seront désormais appelées à témoigner.
Des officiers auraient réclamé des primes allant jusqu’à Rs 500 000 sans avoir contribué aux enquêtes, alors que les agents de terrain touchaient des montants bien moindres entre Rs10,00 et rs20,000.
L’’Official Secrets Act 1975’ protège les informations sensibles de l’État mauricien, mais son application peut freiner la transparence.
Dans l’affaire ‘Reward Money’, la divulgation de documents internes pourrait exposer des policiers à des poursuites, même en cas d’intérêt public. Cette loi, en l’absence de securité pour les lanceurs d’alerte, pourrait cependant dissuader des futures dénonciations.