Six jeunes portugais portent plainte contre 32 pays européens, dont la France, pour inaction climatique, après les incendies meurtriers qui touchent leur pays depuis 2017.
L’initiative vient de six jeunes portugais, âgés de 11 à 24 ans. Tous ont décidé de porter plainte contre 32 pays européens, dont la France, pour inaction climatique devant la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH). Ils seront entendus mercredi 27 septembre devant un panel de 17 juges qui décideront ou non de la recevabilité de la requête. Mais comment ces six jeunes gens se sont-ils retrouvés à attaquer 32 pays ?
Tout commence durant le 17 juin 2017, lorsqu’un violent incendie touche la commune de Pedrógão Grande, dans la région de Leiria au centre du pays, et fait 65 morts, Un incendie qui a profondément marqué les plaignants dont Claudia, originaire de cette région.
D’autres feux ont touché le pays à la mi-octobre et au total 117 personnes ont perdu la vie. Plus 560.000 hectares sont partis en fumée au Portugal en 2017, d’après l’observatoire européen Copernicus. Et les choses ne se sont pas améliorées depuis, comme l’explique André dos Santos Oliveira, 15 ans aujourd’hui, qui fait également partie des plaignants :
« Les gouvernements européens ne parviennent pas à nous protéger. Nous sommes en première ligne face au changement climatique en Europe. Cet été encore au Portugal, nous avons connu des vagues de chaleur de plus en plus graves. »
C’est pour cette raison que Claudia, André, Sophia, Catarina, Martim et Mariana ont décidé d’engager une action judiciaire contre les 27 États de l’Union européenne, mais aussi la Russie, la Turquie, la Suisse, la Norvège et le Royaume-Uni. L’objectif est de les obliger à baisser leurs émissions de gaz à effets de serre, afin de respecter l’Accord de Paris et de limiter le réchauffement climatique.
Ce n’est pas la première fois que la France se retrouve devant la justice pour inaction climatique. En 2021, elle avait déjà été condamnée par le Conseil d’État dans le cadre de l’Affaire du Siècle, lorsque plusieurs ONG, appuyées par une pétition signée par plus de 2,3 millions de personnes, avaient saisi les tribunaux.
C’est d’ailleurs pour cette raison qu’ils sont directement allés s’adresser à la CEDH, au lieu de passer par les tribunaux nationaux, comme le veut normalement la procédure : « L’un de nos arguments est justement de montrer que les tribunaux nationaux, ne sont pas allés suffisamment loin, y compris pour la France. Elles n’ont pas réussi à forcer les gouvernements à réduire leurs émissions pour rester en lien avec l’objectif de +1,5°C [de l’Accord de Paris] », précise Gerry Liston. À voir si leur requête sera entendue par les juges de la CEDH qui doivent dans un premier temps statuer sur la recevabilité du dossier.