Après avoir reçu une « Letter of Confort » en mars 2022, PR Capital procède à la prochaine étape en soumettant une demande d’EIA. Selon le promoteur, les effets positifs, entre autres pour la communauté locale et le pays, l’emportent largement sur l’impact négatif que le projet pourrait avoir.
La compagnie PR Capital a soumis sa demande d’Environment Impact Assessment (EIA) au ministère de l’Environnement pour sa « Smart City » à Roches-Noires. Le projet, qui s’étend sur 358 hectares, comprenant des zones humides (« wetlands ») et des zones sensibles sur le plan écologique, se déroulera en trois phases sur dix ans. Le promoteur, dont les actionnaires sont Christophe Petit et Julien Ridon, également actionnaires de l’entreprise française The City, prévoit d’investir Rs 41 milliards dans cette nouvelle ville.
Le volumineux rapport indique que ce projet permettra, à terme, la création de 2 664 emplois. Le promoteur affirme que son projet est en accord avec le Smart City Scheme, qui a pour objectif de « favoriser le développement de villes intelligentes à travers Maurice afin de transformer le pays en un pays intelligent, un pôle d’excellence pour le commerce international et le développement des connaissances, et de créer une économie circulaire durable avec une qualité de vie élevée ».
La compagnie a postulé le 13 novembre 2021 auprès de l’Economic Development Board et a reçu une « letter of confort » en mars 2022. Cependant, le projet fait face à des controverses. Des associations de protection de l’environnement ainsi que des citoyens engagés craignent que des dégâts irréversibles soient causés à l’écosystème fragile de la faune et de la flore. De nombreuses espèces endémiques y ont en effet été répertoriées. Les contestataires soutiennent également que l’endroit où le promoteur compte ériger sa « smart city » a une importance en tant que poumon de cette partie du pays.
Le promoteur reconnaît dans son rapport que la construction aura des « impacts environnementaux inévitables », mais affirme qu’il a élaboré « plusieurs stratégies et pratiques qui contribueront à les minimiser et à les atténuer ». Il propose une dizaine de mesures, détaillées dans son rapport, qui devraient permettre de « réduire considérablement les effets négatifs et de promouvoir des pratiques de construction plus durables. De plus, les travaux de construction seront bénéfiques aux habitants locaux avec la création de nombreux emplois ».
Selon le promoteur, la phase opérationnelle aura des « impacts environnementaux et sociaux considérablement moins importants qu’en phase de construction ». Le document cite, entre autres, une consommation d’énergie plus élevée pour cette région du pays, une plus forte demande en eau potable, une augmentation de la demande en eau d’irrigation pour l’entretien des terrains de golf et des espaces paysagers, une augmentation de la production d’eaux usées et de déchets solides et une possibilité de déversement de produits chimiques dans le sol et les eaux de surface.
Mais là aussi, le promoteur promet de mettre en place des stratégies et de nombreuses mesures d’atténuation et d’entreprendre des campagnes de sensibilisation avec comme conséquence prévue que « les impacts résiduels devraient être négligeables à mineurs ». Il cite notamment des mesures de conservation de l’eau, d’utilisation de l’eau de forage, de recyclage, de traitement des eaux usées et de réutilisation des effluents traités à des fins d’irrigation.
PR Capital affirme que les effets positifs, entre autres pour la communauté locale et le pays, avec la création d’un « pôle économique du nord-est de l’île », l’emportent largement sur l’impact négatif que le projet pourrait avoir. Le promoteur se propose également de « promouvoir la restauration des habitats indigènes en plantant des arbres, des arbustes et des plantes endémiques, d’éliminer les espèces exotiques, de protéger les mangroves, les barachois, les fours à chaux et les zones de conservation endémiques ». Soixante-trois hectares de zone de conservation et 20 hectares de zone endémique sont prévus.
Selon le Social Impact Assessment commandé par PR Capital, « le projet est plébiscité par près de 90 % de la population locale » qui accueille positivement « la perspective de modernisation du village et de son mode de vie. La plupart des leaders d’opinion locaux s’accordent sur le fait que ce projet apportera du développement à la région ».
Il s’agit de la quatrième tentative de développer le site. Les trois précédentes, entreprises par d’autres compagnies, dont la première a démarré en 2005, se sont toutes soldées par des échecs.
Les contestataires du projet se préparent à riposter. Ils doivent notamment soumettre leurs commentaires au Directeur de l’Environnement avant le 20 octobre, date limite imposée par la loi. Il faut noter que le « Collectif mauricien pour Roches-Noires » s’est formé pour offrir une alternative à la « Smart City ». Celui-ci fait appel à des experts internationaux en conservation environnementale pour préserver le vaste terrain sur lequel est prévu le projet de ville intelligente.
Ce collectif est formé d’entreprises mauriciennes, dont les principales sont Eclosia, IBL, Currimjee et Scott, qui ont décidé de s’associer afin de proposer une alternative au développement immobilier dans la zone humide de Roches-Noires. Elles souhaitent créer un « Parc naturel pérenne et ouvert à tous, en collaboration avec les communautés locales, les ONG et les associations de défense de l’environnement actives dans cette région ».
De quoi sera composée cette Smart City ?