L’occasion de parer à la menace d’une marée noire dévastatrice en mer Rouge vient d’être perdue encore une fois. L’inspection par l’ONU d’un vieux pétrolier abandonné depuis cinq ans au large du Yémen contenant 1,1 million de barils de brut est bloquée par un nouvel imbroglio entre l’organisation internationale et les rebelles Houthis, qui contrôlent la zone maritime.
Le mardi 2 février , le porte-parole des Nations unies, Stéphane Dujarric, a regretté de n’avoir toujours pas obtenu une lettre sur des «garanties de sécurité» pour l’opération prévue début mars. «Il n’y a aucun problème et on ne veut pas retarder» l’inspection, s’est défendu le lendemain celui qui fait office de «ministre du Pétrole» du gouvernement Houthi à Sanaa. Un échange répété depuis des années que l’affaire traîne entre demandes d’accès de l’ONU et refus des rebelles yéménites qui contrôlent le nord du pays en guerre.
Un scénario catastrophe se dessine du fait d’une situation ubuesque autour du tanker FSO Safer, ancré depuis 2015 au large du port de Hodeida. Une fuite de sa cargaison provoquerait une marée noire équivalant à quatre fois celle de l’Exxon Valdez, qui avait ravagé l’Alaska en 1989, selon les experts.
Un désastre écologique, économique et sécuritaire pouvant affecter les eaux, le trafic maritime et tous les pays riverains de la mer Rouge. Il pourrait détruire les écosystèmes, faire fermer le port vital de Hodeida pendant six mois et exposer plus de 8,4 millions de personnes à des niveaux élevés de polluants, selon des études indépendantes. La rouille a commencé à ronger la coque du pétrolier, vieux de 45 ans et sans entretien depuis des années.
En mai, une fuite avait causé l’entrée d’eau de mer dans la salle des machines. «L’eau qui monte de façon incontrôlable dans la salle des machines pourrait déstabiliser le pétrolier et le faire couler, avec les risques d’une marée noire d’1,1 million de barils de pétrole», avait indiqué Mark Lowcock, secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et coordonnateur des secours d’urgence de l’ONU.