Un tribunal grec interdit les viandes casher et halal
Le Conseil d’État hellénique a interdit ce mardi l’abattage casher et halal. Les préparations d’animaux casher et halal sont au cœur des pratiques religieuses juives et musulmanes.
Les deux pratiques exigent que les animaux soient tués sans être anesthésiés. La Fédération panhellénique du bien-être animal et de l’environnement a demandé au tribunal d’annuler une exemption dans une loi qui autorisait les pratiques d’abattage religieux sans anesthésie.
Les tribunaux ont statué que la préparation religieuse de produits d’origine animale ne l’emportait pas sur le bien-être de ces animaux, et a décidé que l’exemption était une violation de l’exigence de la loi d’abattre les animaux sous anesthésie. Le tribunal a laissé au gouvernement le soin de réglementer la relation entre les droits des animaux et la liberté religieuse, et ils présideront aux pratiques des abattoirs du pays.
De nombreux Juifs s’élèvent contre la décision du tribunal, la qualifiant d’atteinte à leur liberté religieuse. Le président de l’Association juive européenne (EJA), le rabbin Menachem Margolin, a déclaré que “la liberté de religion des Juifs est directement attaquée à travers l’Europe par les institutions mêmes qui se sont engagées à protéger nos communautés”.
L’EJA estime que la décision du tribunal fait suite à un précédent établi en décembre dernier par la Cour de justice de l’Union européenne, qui a donné aux pays de l’UE la possibilité d’interdire l’abattage casher en faveur du bien-être animal tout en autorisant la liberté de religion pour les groupes religieux concernés.
La décision permet aux membres de l’UE de prendre leurs propres décisions sur la façon de suivre les directives en matière de bien-être animal tout en permettant aux gens de pratiquer leur religion. Mais l’EJA estime qu’« il est désormais clair » que les États membres penchent fortement en faveur du bien-être animal et négligent les groupes religieux.
“Dès décembre dernier, nous avons mis en garde contre les conséquences dangereuses de l’arrêt de la Cour européenne de justice, et maintenant nous voyons le résultat”, a déclaré Margolin. « Cela a commencé en Belgique, s’est déplacé en Pologne et à Chypre et c’est maintenant au tour de la Grèce. Ces attaques directes proviennent de nombreux gouvernements et institutions qui se sont engagés à défendre leurs communautés juives. »
« Ce à quoi nous assistons est une hypocrisie de premier ordre », a-t-il déclaré. « En matière d’antisémitisme, les gouvernements et les institutions nous soutiennent à juste titre. Mais lorsque nos croyances et nos coutumes sont attaquées à droite et à gauche par des lois, elles sont introuvables. »
Margolin a déclaré que l’EJA prévoyait d’exprimer ses griefs au plus haut niveau du gouvernement grec, dans l’espoir d’obtenir un engagement et un dialogue sur la façon dont ils peuvent pratiquer leur religion confortablement en Grèce. Le leader de l’EJA considère que la question est d’une grande importance, car les pratiques de préparation des aliments et d’abattage sont des éléments centraux des religions juive et musulmane.
« Comment les Juifs peuvent-ils vivre en Europe si vous continuez à légiférer contre nous ? » dit Margolin.