L’histoire de Josua Hutagalung est à peine croyable. Ce fabricant de cercueils sans histoire travaille chez lui dans la ville de Kolang. En ce premier août il entend un bruit sourd de plus en plus puissant, quand il sort de sa véranda pour comprendre de ou vient cet étrange son, une météorite vient percer le toit en verre et s’enfonce de quelques centimètres dans son jardin. Conscient du côté exceptionnel de l’évènement, Josua filme immédiatement l’évènement et le partage sur Facebook.
L’objet céleste, lourd de plus de 2 kilos intrigue l’indonésien, mais aussi l’ensemble de la communauté scientifique qui veut lui racheter la pierre au plus vite. L’expert américain Jarde Collins va être mandaté par un acheteur anonyme pour ramener la pierre sur le sol de l’oncle Sam. Il part en pleine pandémie du Covid-19 pour l’Indonésie et rachète pour 1,6 million d’euros la précieuse pierre céleste.
Une somme colossale qui a permis à Josua de se mettre à la retraite à 33 ans. Il devrait également aider dans la construction d’une église. Très croyant, l’indonésien veut également croire que ce signe du destin lui apportera d’autres bonnes nouvelles à l’avenir. « J’ai trois fils aujourd’hui, et j’ai toujours voulu avoir une fille, j’espère que cette météorite est un signe du ciel que j’aurai la chance d’en avoir une maintenant. »
Pourquoi un tel prix ?
La météorite retrouvée dans le jardin de Josua est exceptionnelle pour plus d’un point. Il s’agit vraisemblablement d’une chrondite carboné, un type de météorite assez rare et très prisée des scientifiques. Renfermant énormément de carbone, elle est aujourd’hui entre les mains du Centre d’étude des météorites de l’université d’Arizona. La pierre serait vieille de 4,5 milliards d’années, une date très intéressante qui donne encore plus de valeur à la trouvaille de Josua. En effet les météorites aussi âgés se sont formés lors de la naissance de notre système solaire, elles renferment donc un nombre d’informations considérables sur la création de ce dernier.
À titre de comparaison la mission OSIRIS-Rex de la NASA, qui a eu pour but de ramener 200 grammes de matière à la surface de l’astéroïde Bennu, lui aussi formé lors de la naissance du système solaire, a coûté près de 800 millions de dollars, sans compter les frais du lancement. S’il est difficile de comparer les retours scientifiques qu’aura l’étude de ces deux pierres, celle de Josua pèse 10 fois plus lourd et a coûté 800 fois moins cher.
Une météorite peut tomber chez nous ?
Si le risque de chute de météorite est présent, il est quasiment nul. Tout d’abord il faut qu’une météorite vienne croiser son orbite avec celui de la Terre, ce qui élimine déjà un certain nombre de candidates. Deuxième point il faut qu’elle soit assez grosse pour être intéressante pour les scientifiques, dans l’optique d’une revente, mais pas non plus trop grande, sinon elle pourrait causer de gros dommage comme lors de l’évènement de Tcheliabinsk, en 2013.
Ensuite, si les deux premières conditions sont réunies, il faut encore que la météorite tombe dans notre jardin, pour que nous puissions nous en déclarer les propriétaires, comme l’a fait Josua. Or 70 % de la planète est déjà composés d’eau, ce qui réduit un peu plus encore nos chances de voir la météorite toucher la terre.
Si malgré tout une météorite venait à tomber dans votre jardin, alors vous en seriez effectivement le propriétaire. Si cette réponse peut sembler évidente, la réponse juridique qui se cache en son sein ne l’est pas. Dans un jugement de 1898 du tribunal d’Aix, il est dit qu’une météorite qui « s’est incorporée à la terre en devient l’accessoire ». En des termes moins juridiques, si le météorite vient, comme c’est le cas pour Josua, s’enfonçait de quelques centimètres dans votre jardin, alors elle en fera partie et étant donné que vous être propriétaire du terrain, elle sera à vous et vous pourrez la revendre.
Cette hypothèse reste très rare, le nombre de météorites qui touchent chaque année notre sol est dérisoire. Certes la NASA a récemment estimé que chaque jour ce sont plus de 240 objets célestes qui venaient finir leur course dans notre atmosphère, mais la plupart n’atteignent jamais le sol.
( Source – Le Point)