Scandale Silver Bank : Des plaignants saisis la FCC et exigent des comptes à l’ex-gouverneur de la Banque de Maurice, Harvesh Seegolam et à l’ex-ministre des Finances, Renganaden Padayachy
L’affaire Silver Bank, déjà marquée par une injection de Rs 3,55 milliards d’argent public et une enquête de la Financial Crimes Commission (FCC), prend un tournant encore plus explosif. Un collectif de déposants, mauriciens et étrangers, sort de l’ombre et accuse frontalement deux anciennes figures clés de la finance publique, notamment Harvesh Seegolam, ex-gouverneur de la Banque de Maurice, et Renganaden Padayachy, ex-ministre des Finances, d’avoir fermé les yeux sur une fraude bancaire systémique. Leur plainte, officiellement déposée auprès de la FCC, relance les interrogations sur les responsabilités politiques et institutionnelles dans l’effondrement d’une banque qui n’a jamais publié ses états financiers depuis sa création.
Dans une réponse parlementaire datée du 6 mai 2025, le Premier ministre le Dr Navin Ramgoolam a révélé que Silver Bank Limited avait reçu pas moins de Rs 3,55 milliards provenant de fonds publics. Cette injection s’est opérée via plusieurs entités étatiques, à commencer par le Projects Development Fund (PDF), qui à lui seul y a versé Rs 3 milliards. Créé en avril 2020 pour financer des projets relevant du Programme d’Investissement du Secteur Public, ce fonds a fini par alimenter une banque aujourd’hui paralysée.
À cette somme s’ajoutent d’autres investissements significatifs : Rs 150 millions de la National Insurance Company Ltd, Rs 125 millions de NIC General Insurance Co. Ltd, Rs 100 millions de la Mauritius Housing Company Ltd, Rs 87,7 millions du conseil municipal de Curepipe, Rs 45 millions de celui de Port-Louis et Rs 40 millions du Sugar Insurance Fund Board.
Le cœur du scandale réside cependant ailleurs. Selon les plaignants, des agents de la Banque de Maurice étaient affectés en permanence dans les locaux de la Silver Bank pendant une année entière, chargés de suivre les transferts et mouvements suspects. Pourtant, aucune mesure préventive n’aurait été prise, et les rapports de surveillance n’ont jamais été rendus publics. Ce silence prolongé alimente aujourd’hui de lourdes suspicions.
Pire : depuis sa création en 2021, Silver Bank n’a jamais publié d’états financiers, et le ministère des Finances n’a pas manifesté la moindre réaction officielle à ces manquements.
C’est dans ce contexte qu’une plainte formelle a été déposée auprès de la FCC par un groupe de déposants, incluant des étrangers, exigeant que l’enquête s’élargisse aux responsabilités politiques et institutionnelles. Ils accusent Harvesh Seegolam et Renganaden Padayachy d’avoir permis, voire facilité, la mise en place d’un système frauduleux ayant mené à l’effondrement de la Silver Bank.
Ils demandent également que l’enquête identifie les sociétés fictives ou suspectes ayant bénéficié de transferts illicites, tout en appelant à faire la lumière sur d’éventuelles complicités internes et les graves manquements des régulateurs.
Pour ces déposants, l’affaire Silver Bank n’est pas qu’un énième scandale bancaire ; elle serait comparable par son ampleur et ses ramifications à la débâcle du groupe BAI.
Alors que l’enquête de la FCC est toujours en cours, cette nouvelle plainte accroît la pression sur les institutions mauriciennes. Le silence prolongé des autorités depuis l’effondrement de la banque contraste avec la gravité des accusations désormais portées. L’avenir dira si cette affaire marquera un tournant dans la gouvernance financière du pays ou si elle viendra simplement grossir la liste des scandales étouffés dans la confusion des responsabilités.